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La carrière politique mouvementée de Laurent Fabius

La carrière politique mouvementée de Laurent Fabius

À 69 ans, ce poids lourd de la vie politique française sera passé quasiment par tous les postes, à l'exception de la magistrature suprême, qu'il n'a jamais pu briguer.À 69 ans, Laurent Fabius doit devenir pour neuf ansprésident du Conseil constitutionnel, après plus de trente ans de carrière mouvementée. Né le 20 août 1946 à Paris, Laurent Fabius est passé par les établissements d'élite en France comme l'École normale supérieure ou l'École nationale d'administration. Issu d'une famille d'antiquaires et lui-même grand amateur d'art, perfide avec ses adversaires, l'homme reste discret sur sa vie privée. Il refuse notamment de commenter les frasques de son fils Thomas, passionné de casinos et inculpé récemment pour faux et usage de faux.

Poids lourd de la vie politique française, Laurent Fabius a été, selon la formule restée dans les annales, «le plus jeune premier ministre de la France» entre 1984 et 1986, lors du premier septennat du président socialiste François Mitterrand. Il a alors 37 ans et déjà derrière lui dix années de bain politique. D'abord maire de Grand-Quevilly puis député de Seine-Maritime, il était entré au gouvernement en 1981 au ministère du Budget, avec le portefeuille de l'Industrie et de la Recherche. Laurent Fabius connaîtra quasiment tous les postes: premier secrétaire du PS, patron des députés socialistes, président de l'Assemblée nationale à deux reprises, ministre de l'Économie sous Lionel Jospin… Seule la magistrature suprême lui échappe.

Un bilan mitigé au Quai d'Orsay

Son parcours reste aussi marqué par un épisode dramatique:l'affaire du sang contaminé, qui reste l'un des plus graves scandales sanitaires en France, avec la distribution à partir de 1985 par le Centre national de transfusion sanguine de lots contaminés par le virus VIH. Laurent Fabius est alors premier ministre. Mis en cause par la justice, il est relaxé en 1999. Autre revers, purement politique celui-là, son «non» au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, en contradiction avec la ligne définie par le Parti socialiste, lui vaut d'être exclu du secrétariat national du parti. L'épisode exacerbe l'hostilité avec François Hollande, alors patron du Parti socialiste et aujourd'hui président de la République.

À son arrivée au Quai d'Orsay, Laurent Fabius n'est pourtant qu'un novice en matière de politique étrangère. Il est tout de suite plongé dans une accumulation de crises et affiche des résultats mitigés après presque quatre ans à la tête de la diplomatie française. La position de la France sur la Syrie a dû évoluer, voire changer du tout au tout, sous la pression des événements. Au Proche-Orient, Laurent Fabius, sincèrement partisan de la solution à deux États, tente de pousser des initiatives françaises qui font long feu. L'Afrique, elle, a été laissée au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Lors d'un de ses derniers rendez-vous au Quai d'Orsay cette semaine avec des journalistes, le ministre a tout de même évoqué les deux «grands succès»: la COP 21 en décembre et l'accord sur le nucléaire iranien en juillet. Et d'ajouter, à propos du ministère dont il va remettre les clés: «Je laisse une Rolls Royce».

Jonathan PIRIOU

février 10th, 2016

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