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Contestation en Iran : au moins deux morts, menace du gouvernement

Contestation en Iran : au moins deux morts, menace du gouvernement

Des manifestations antigouvernementales ont éclaté samedi en Iran pour la troisième journée consécutive.

Samedi, pour la troisième journée consécutive, des manifestations antigouvernementales et contre les difficultés économiques de la population ont éclaté en Iran alors même que des rassemblements prorégime avaient lieu pour commémorer la fin du soulèvement postélectoral de 2009. Depuis deux jours, ces manifestations contre la vie chère, à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays, ont pris une tournure politique. Samedi soir, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre.Ces manifestations antigouvernementales – considérées comme illégales par les autorités – ont ainsi été signalées à Téhéran, Kermanshah ou encore à Shahr-e Kord. L'agence de presse semi-officielle Fars a déclaré qu'environ 70 étudiants s'étaient regroupés devant l'université de Téhéran et avaient jeté des pierres en direction des forces de l'ordre. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dont l'authenticité n'a pu être vérifiée, les montre en train de scander le slogan «Mort au dictateur». L'agence Mehr, proche des conservateurs, a mis en ligne sur Telegram (réseau social suivi par 25 millions d'Iraniens) des vidéos montrant des manifestants attaquer la mairie du deuxième arrondissement à Téhéran et renverser une voiture de police. D'autres médias ont fait état de destructions dans la capitale, dénonçant les «fauteurs de trouble». En fin d'après-midi, des centaines de personnes ont manifesté ailleurs dans le quartier de l'université, scandant des slogans hostiles au pouvoir. Elles ont été dispersées par la police anti-émeutes.Deux manifestants ont été tués lors d'un rassemblement à Doroud, a déclaré le vice-gouverneur de la province de Lorestan à la télévision d'Etat. Plusieurs personnes auraient été tuées par balles dans la province de Lorestan, dans l'ouest, au cours d'affrontements avec la police. Selon l'agence Ilna, proche des réformateurs, «80 personnes ont été arrêtées à Arak (centre) alors que trois ou quatre personnes ont été blessées» dans les violences qui ont touché la ville samedi soir.

Le monde regarde!»

Le président des États-Unis, Donald Trump, a réitéré ses avertissements en direction du pouvoir iranien. «Le monde entier comprend que le bon peuple d'Iran veut un changement, et qu'à part le vaste pouvoir militaire des États-Unis, le peuple iranien est ce que ses dirigeants craignent le plus», a-t-il écrit samedi dans un premier tweet. «Les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais, et le jour viendra où le peuple iranien fera face à un choix», a-t-il poursuivi dans un deuxième tweet, avant d'ajouter: «Le monde regarde!». La Maison-Blanche avait déjà condamné les arrestations de manifestants intervenues deux jours plus tôt.Dimanche, le régime iranien a menacé: «Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l'illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur», a déclaré le ministre iranien de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli à la télévision d'Etat. Plusieurs responsables ont laissé entendre que les manifestations étaient organisées depuis l'étranger.

Mécontentement croissant

Les premiers rassemblements ont eu lieu jeudi à Mashhad. La police a arrêté 52 personnes, selon une source judiciaire. La contestation s'est étendue vendredi à d'autres villes, atteignant une ampleur jamais vue depuis 2009. Les derniers rassemblements antigouvernementaux de grande ampleur visaient alors à protester contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Cette fois, les autorités sont confrontées au mécontentement croissant de la population envers la politique économique du gouvernement du président Hassan Rohani, la corruption ou, fait nouveau, l'intervention coûteuse de l'Iran dans les conflits en Syrie ou en Irak. Le taux de chômage atteint 12,4% de la population active et l'inflation avoisine les 8%, alors que les pénuries de certains produits alimentaires accroissent le sentiment de précarité.

«La nation iranienne (…) ne permettra qu'on blesse le pays.»

Les gardiens de la Révolution et la milice Basij

La plupart des personnes interpellées ces derniers jours ont été relâchées, a déclaré la télévision publique, sans donner de détails. «Les sites internet et médias étrangers ennemis continuent d'essayer d'exploiter les difficultés économiques et les doléances légitimes du peuple pour lancer des rassemblements illégaux et de possibles troubles», a-t-elle ajouté. Les gardiens de la Révolution et la milice Basij, qui avaient organisé la répression brutale du soulèvement démocratique de 2009, ont averti dans un communiqué repris par les médias d'État que «la nation iranienne (…) ne permettra qu'on blesse le pays».

De nouvelles manifestations sont d'ores-et-déjà annoncées pour ce dimanche 31 décembre.

Jonathan PIRIOU

décembre 31st, 2017

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