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Quatre romans d’aventure à dévorer cet été

Quatre romans d’aventure à dévorer cet été

S'il y a bien un accessoire indispensable à tout vacancier qui se respecte, ce n'est ni un maillot de bain ni une serviette de plage, mais bel et bien un livre. La rédaction a sélectionné pour vous les meilleurs romans d'aventure.

Aucun été n'est éternel, par Georges-Olivier Châteaureynaud

Un été 1965 

Membre du jury Renaudot et maître de la nouvelle fantastique, ce sympathique barbu livre un roman d'aventure d'inspiration biographique, en pleine période beatnik. 

Regardez-le sur la couverture de son nouveau livre: Georges-Olivier Châteaureynaud est le garçon torse nu, appuyé nonchalamment contre une voiture poussiéreuse, à deux pas d'un camping en plein soleil. Il a des cheveux roux qui lui mangent le visage et ce petit air buté de l'adolescent qui va en découdre avec le monde, façon James Dean dans La Fureur de vivre.  

Aucun été n'est éternel n'est pourtant pas une stricte autobiographie, plutôt un roman nourri d'aventures et de souvenirs personnels qu'il a compilés comme des petits cailloux sentimentaux. Nous sommes en 1965, et le héros, prénommé Aymon, a juste 18 ans, des envies de voyage pour larguer les amarres et quitter enfin ses vieux parents qui le couvent.  

L'époque est à l'insouciance: les Trente Glorieuses, le plein-emploi, le général de Gaulle en ballottage face à François Mitterrand. Le sida n'existe pas encore, et le phénomène beatnik est au sommet, précédant de peu les hippies, le peace and love, la drogue comme un nouveau mode de vie et de mort par overdose. Aymon a réussi son bac et part avec des copains pour la Grèce. Sa mère pleure son départ, son père se meurt, mais il file pour Athènes et plus si affinités. Dès son arrivée à la gare, tout se complique…  Georges-Olivier Châteaureynaud, qui fête cette année ses 70 ans, a donc le même âge que son personnage. Lui aussi a vécu ce temps de sérénité et d'anticonformisme. L'auteur parle du "plaisir amer" de revenir vers sa jeunesse et reconnaît que son écriture a changé pour aborder cet été particulier, indolent et musical.  

L'auteur de La Faculté des songes ou de L'Autre Rive a laissé de côté son goût pour le fantastique, le mystère, le décalage, pour narrer le quotidien d'un post-adolescent un peu perdu et totalement disponible. "Oui, dit-il en souriant, cette fois j'ai retenu la folle du logis." Ce ton, entre nostalgie et précision, lui convient parfaitement.  

Les années à buller

Mais qui était le jeune Georges-Olivier en 1965? Un garçon élevé par sa mère (dont il parle si bien dans La vie nous regarde passer, publié en 2011), un jeune homme qui ne pense déjà qu'à écrire depuis qu'il a appris à lire. Quand on l'interroge, Châteaureynaud raconte sans fard ses années à buller, refusant d'envisager de longues études.  Il testera bientôt tous les métiers: pion dans un collège, ouvrier d'usine sur une chaîne de montage, distributeur de prospectus dans les rues de Paris, vendeur dans un grand magasin puis à la librairie du Printemps, avant de s'installer comme brocanteur. "Je me foutais de tout, j'étais dans l'insouciance durant ces années-là". Un recueil de nouvelles d'abord puis un roman qui obtient le prix Renaudot en 1982 vont changer le cours de son destin. Il se consacrera désormais à ce qu'il appelle "des choses d'écriture".  

Le héros d'Aucun été n'est éternel est finalement moins marginal que son créateur, mais il va croiser, lors de ses voyages à Athènes, Tanger ou Londres, de beaux exemples de liberté. Heinz, le dealer tellement "sympathique"; Anji, la gentille anorexique qu'on n'ose pas bousculer; Naze, le tatoué; et surtout Kilian, le guitariste. C'est lui qui improvise la bande-son de ce roman porté par le folk anglais et le rêve communautaire. Il est le vrai héros de cette histoire mélancolique qui donne envie d'aller écouter du rock au Marquis ou de prendre un billet pour Katmandou avec turbans et amulettes, et dans l'oreille l'album The Freewheelin d'un futur Prix Nobel de littérature, Bob Dylan.  

Christine Ferniot 

Aucun été n'est éternel, par Georges-Olivier Châteaureynaud, 336p., Grasset, 20€. 

Jonathan PIRIOU

juillet 23rd, 2017

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