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Russie, migrants, CETA et Brexit au menu du Conseil européen de Bruxelles

Russie, migrants, CETA et Brexit au menu du Conseil européen de Bruxelles

Les Vingt-Huit doivent parler des sanctions frappant Moscou pour les bombardements d’Alep, en Syrie, ainsi que de l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada.

Les vingt-huit dirigeants de l’Union européenne sont réunis deux jours à Bruxelles, jeudi 20 et vendredi 21 octobre. Au programme de leur réunion figurent, en premier lieu, les relations avec la Russie. Paris, Berlin et Londres incitent à adopter des sanctions supplémentaires contre Moscou en réaction aux bombardements de la ville d’Alep par l’armée russe, aux côtés de celle de Bachar Al-Assad.s dirigeants devraient aussi aborder la politique commerciale de l’Union, alors que les Wallons bloquent toujours la signature de l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada (CETA). La migration figurera aussi parmi les priorités. Des sujets difficiles, loin de faire l’unanimité dans une Union toujours plus divisée et affaiblie.

Russie : des sanctions supplémentaires ?

La seule réelle surprise de ce sommet de l’après-« Brexit » sera peut-être le ton de la déclaration qui suivra le dîner des chefs d’Etat, au cours duquel devrait êtreabordée la relation avec la Russie.

Le thème avait été évoqué avant l’été par certaines capitales souhaitantréexaminer la question des sanctions frappant Moscou depuis la guerre enUkraine et l’annexion de la Crimée. Il s’agissait surtout, pour certains dirigeants (hongrois, grec, italien…), de poser prudemment la question d’un éventuel allégement de ces mesures restrictives.

Le ton a changé. Difficile, compte tenu des bombardements d’Alep et de l’attitude de Vladimir Poutine à l’égard des Européens, d’envisager un tel débat. Le projet de conclusions consulté par Le Monde mentionne « une condamnation sévère » des attaques du régime syrien « et de ses alliés, notamment la Russie, à Alep ». Il évoque la prise en considération de « toutes les options, y compris des mesures restrictives supplémentaires visant des personnes et des entités qui soutiennent le régime si les atrocités actuelles continuent ».

« L’UE devrait garder ouvertes toutes les options, y compris des sanctions, si les crimes se poursuivent », a dit avant le sommet le président du Conseil européen, Donald Tusk, à son arrivée à Bruxelles. Et François Hollande a lui déclaré peu après que « toutes les options [étaient] ouvertes dès lors qu’il n’y aurait pas de trêve qui serait respectée à Alep et dès lors qu’il y aurait cette volonté d’écraser une ville, Alep, une ville martyre » .

Lire aussi :   Rencontre tendue entre Hollande, Merkel et Poutine sur la Syrie

Migrants : l’Europe à l’heure de la « solidarité flexible »

L’heure est à l’apaisement sur le sujet des migrants. Et à la « solidarité flexible », un concept lancé par les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie,République tchèque, Slovaquie) qui fait désormais des émules (à la Commission, à Paris, etc.). Plus question d’imposer des quotas de migrants : si ces pays peuvent contribuer à l’« effort » européen de sécurisation des frontières, d’apport de matériel pour les « hotspots » (« centres de tri »), les autres seraient prêts à s’en contenter (Paris, la Commission…).

Aujourd’hui, malgré le coup d’Etat avorté à Ankara, l’accord UE-Turquie de renvoi de tous les migrants, y compris des réfugiés, en Turquie « tient ». Et même si enGrèce beaucoup de juges refusent de renvoyer les réfugiés vers Ankara, considérant que le pays n’est pas sûr. Les arrivées sur les îles grecques ont chuté. Et les dirigeants européens s’en félicitent.

Ils devraient aussi soutenir la nouvelle ligne développée par la Commission, impulsée par la chancelière allemande, Angela Merkel, ou le premier ministre italien, Matteo Renzi. L’idée est de reproduire l’accord turc avec les pays d’Afriquesubsaharienne et centrale, pays de transit de toute la migration parvenant sur les côtes italiennes. Cette stratégie de long terme n’en est qu’à ses prémices.a première ministre britannique fera ses premiers pas au Conseil européen jeudi. Il est prévu qu’elle s’y exprime sur sa vision du « Brexit« , à la fin du dîner, jeudi soir. Depuis son discours devant les Tories, au début d’octobre, au cours duquel elle a précisé l’agenda d’activation de l’article 50 (au plus tard mars 2017) et marqué clairement sa préférence pour un contrôle de la migration, principale revendication des « Brexiters », les Vingt-Sept s’attendent à une sortie « dure » duRoyaume-Uni de l’Union.

Ils sont pour l’instant tous sur la même ligne. Le marché intérieur de l’UE est un des principaux actifs de l’Union, impossible de l’abîmer. Or, l’accès à ce marché unifié de près de cinq cents millions de consommateurs est conditionné au respect de quatre libertés de circulation – des biens, des capitaux, des services et des personnes. Si Londres refuse de respecter la liberté de circulation des personnes, le pays se privera de l’accès au marché unique, « that’s it », souligne-t-on à Bruxelles.

Le président français, François Hollande, a prévenu jeudi Theresa May que les négociations seraient « dures » si la première ministre britannique persistait à s’orienter vers un « Brexit » sans concession.

CETA, la « mauvaise » surprise du sommet

Ce Conseil européen devait être l’occasion, à Vingt-Huit, d’annoncer une « bonne nouvelle » : l’Union était prête à signer l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA), lors d’un sommet prévu de longue date le 27 octobre à Bruxelles. Mais la Wallonie, qui, dans le royaume de Belgique, a comme les autres provinces des compétences spécifiques en matière de commerce, s’oppose toujours à la signature du traité par le premier ministre du pays, Charles Michel. Et il paraissait de plus en plus improbable, jeudi, que cette signature ait lieu avant le 27 octobre.

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, pourrait à nouveau inviterles dirigeants européens à prendre leurs responsabilités. Il les avait déjà mis en garde au printemps et au début de l’été sur la nécessité de « mouiller davantage leur chemise » pour défendre les accords de libre-échange. Il avait également tenté, en vain, à la fin de juin, d’imposer une signature du CETA sans passer par les parlements nationaux.

Jonathan PIRIOU

octobre 20th, 2016

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