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Vendin-le-Vieil: appel au “blocage total” des prisons, visite de Belloubet mardi

Vendin-le-Vieil: appel au “blocage total” des prisons, visite de Belloubet mardi

Les gardiens de prison durcissent le ton: portés par une importante journée de mobilisation, deux syndicats ont appelé à un "blocage total" des prisons lundi pour protester contre l'agression de surveillants à Vendin-le-Vieil, où la ministre de la Justice se rendra mardi.

Mise sous pression, Nicole Belloubet tentera de calmer la colère des personnels dans cette prison du Pas-de-Calais et recevra les syndicats "dans les prochains jours", selon son ministère.  

La garde des Sceaux s'est dite "prête à discuter" avec les organisations syndicales, qui seront reçues samedi par son cabinet, notamment "des questions d'équipements" ou "des dispositifs de sécurité renforcée pour protéger les agents", a-t-elle déclaré à BFMTV. 

Si la ministre a diligenté une enquête pour faire la lumière sur des "dysfonctionnements", elle a dédouané les agents agressés "qui ont fait ce qu'ils avaient à faire".  

Dans un tract commun, le syndicat majoritaire de la profession, l'Ufap-Unsa Justice, et la CGT Pénitentiaire ont dénoncé le "laxisme" des gouvernements successifs face au traitement des détenus radicalisés les plus violents, et appelé "l'ensemble des personnels pénitentiaires (…) à participer aux actions de blocage total des structures". 

Les syndicats critiquent en particulier le récent allègement des conditions de détention de l'agresseur, Christian Ganczarski, un islamiste allemand considéré comme l'un des instigateurs de l'attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie), qui avait fait 21 morts en avril 2002.  

Cet ancien cadre d'Al-Qaïda, condamné à 18 ans de réclusion criminelle, effectuait la fin de sa peine dans cette prison ultra-sécurisée qui doit accueillir prochainement Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015, lors de son procès en Belgique en février. Mme Belloubet a estimé qu'"il n'y a pas de raison de revenir sur cette décision", en dépit de cette agression. 

– Visite de Marine Le Pen – 

L'Ufap-Unsa Justice avait appelé vendredi à cesser temporairement le travail dans toutes les prisons dès l'aube en solidarité avec les surveillants de Vendin-le-Vieil, blessés à l'arme blanche. 

"Plus d'un tiers" des 188 établissements pénitentiaires français ont été touchés par des débrayages de 15 à 20 minutes en général, a indiqué à l'AFP en fin de journée la Direction de l'administration pénitentiaire, qui reconnaît "un mouvement important". 

A Vendin-le-Vieil, une centaine de fonctionnaires "ont refusé de prendre leur service ou l'ont pris tardivement", a déclaré le responsable local de FO pénitentiaire, Wilfried Szala. Ils ont reçu la visite dans la matinée de la présidente du FN Marine Le Pen, qui a dénoncé "une incroyable irresponsabilité" et un "laxisme structurel". 

Devant la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande d'Europe, une soixantaine d'agents ont retardé d'un quart d'heure la relève de l'après-midi. 

Dans le Grand Est, "environ 35 agents" à Metz, "une cinquantaine" à Nancy et "entre 30 et 40" à Strasbourg ont pris leurs fonctions avec quinze minutes de retard, selon Fadila Doukhi, déléguée régionale FO.  

En Auvergne-Rhône-Alpes, des débrayages ont eu lieu à Riom (Puy-de-Dôme), Moulins (Allier), Valence (Drôme) et Bourg-en-Bresse (Ain), et une heure à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, selon une source syndicale. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, des arrêts de travail ont eu lieu à Marseille (Les Baumettes), Aix-Luynes, Salon, Arles, mais aussi dans le Var à Toulon et Grasse et dans les Alpes-maritimes à Nice, selon le syndicat FO. 

En Aquitaine, le mouvement a touché les centres pénitentiaires de Neuvic (Dordogne), Uzerche (Corrèze) et Gradignan (Gironde), provoquant "des retards d'un quart d'heure ce matin" dans la prise de service des personnels, selon la direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux. 

En région Centre-Val de Loire, des retards similaires ont été constatés dans les prisons de Saint-Maur (Indre), Bourges, Saran (Loiret), Blois et Tours, selon FO. 

Dans l'Ouest, quelques débrayages ont eu lieu dans les prisons de Nantes et Rennes, selon la CGT. 

Jonathan PIRIOU

janvier 12th, 2018

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