15% des Français ne boivent plus une goutte: le recul des achats de whiskys, pastis et autre cognacs inquiète le secteur
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juin 14, 2025
Le recul des ventes de spiritueux en France se poursuit, tout comme les exportations.
On boit de moins en moins en France. Les achats de spiritueux ont de nouveau reculé en France en 2024, de 2,6% en volume, au moment où les exportations sont aussi à la peine, a indiqué jeudi un bilan du secteur, qui demande à l’État de la “stabilité”, notamment fiscale.
Tous les types de réseaux de distribution, grandes surfaces, cavistes, cafés, duty free… sont concernés, a précisé la Fédération française des spiritueux (FFS), qui cite des données des Douanes.Les grandes et moyennes surfaces ont écoulé 247 millions de litres de ces alcools distillés d’au moins 15%, soit une diminution de 3,8% par rapport à 2023 et une 4e année consécutive de baisse, selon Nielsen IQ. C’est la première baisse en valeur depuis 2018, à -3,6% (4,9 milliards d’euros).
Les traditionnels whiskys et anisés – plus de la moitié des ventes en supermarchés – poursuivent leur recul, de même que les marques “premium”, quand le “festif” (alcools blancs) résiste mieux, analyse la FFS. La tendance est aussi négative pour les rhums et le cognac qui est d’ailleurs boudé par les Français depuis des années.
Tendances identiques pour les cafés et restaurants, avec 20,8 millions de litres, en baisse de 2%, loin du rebond post-Covid. Ce repli s’explique en partie par une météo 2024 défavorable, note la FFS, qui désigne le spritz “grand gagnant” avec +32% en valeur.Une tendance qui se poursuit
Le secteur constate qu’il s’agit bien d’un “retournement de tendance”.
“On a le sentiment d’une mutation de la consommation qui chaque année se renforce, et d’une accélération de tendance”, a déclaré à l’AFP le directeur général de la FFS, Thomas Gauthier.
“Que ce soient les consommations moyennes, les consommations des hommes, des femmes, des plus âgés, des plus jeunes, les consommations modérées ou les consommations excessives, tous les indicateurs sont à la baisse. Depuis quelques temps (…) on a des non-consommateurs absolus, qui ne boivent pas une goutte, ni chez eux, ni dans un cadre de convivialité, et qui l’assument, et cela représente 15%”, a-t-il ajouté.
La situation du secteur est compliquée par le recul à l’export, qui représente la moitié de la valeur qu’il dégage. L’export a reculé de 12% en valeur en 2023, puis de 6,5% en 2024. Et “sur les quatre premiers mois de l’année, on est à -7,5%”, selon Thomas Gauthier, alors que la filière attend dans les jours à venir des décisions concernant les litiges commerciaux avec la Chine comme avec les États-Unis.
Dans ce contexte, la filière demande “de la stabilité” fiscale et réglementaire, au moment où le gouvernement français cherche à boucler son budget.