Conflit Israël-Iran : comment expliquer que des missiles iraniens parviennent à transpercer le “Dôme de fer” israélien ?

Vanté par l’armée israélienne, le bouclier antimissiles semble connaître des faiblesses face à la riposte lancée par Téhéran. En cause, notamment : la saturation du système.Missiles contre missiles, ripostes et contre-ripostes… Lundi 16 juin, au quatrième jour de l’attaque massive lancée par Israël sur l’Iran, le bilan est déjà lourd : ces frappes ont fait au moins 224 morts et plus d’un millier de blessés en Iran, selon un bilan officiel établi dimanche, quand les salves de missiles iraniens tirées en riposte sur Israël ont fait 35 morts depuis vendredi, selon le bureau du Premier ministre israélien.Face à ce macabre décompte, une question se pose : comment les frappes iraniennes ont-elles pu toucher le sol israélien alors même que le pays se vante de disposer de plusieurs bouclier antiaériens, chacun censé protéger son territoire des attaques ? L’un des premiers éléments de réponse réside notamment dans la tactique de Téhéran : à l’aide de missiles extrêmement puissants et à longue portée, l’Iran parvient à saturer le système de protection israélien.

L’efficacité du bouclier estimée à 90%

Or, aucun système d’arme n’est infaillible à 100% et il faut bien voir que le “Dôme de fer” n’est qu’une des constituantes du bouclier antimissile israélien. C’est le plus connu parce qu’utilisé à l’envi contre les roquettes et autres projectiles envoyés à courte distance et à faible vitesse par le Hamas depuis la bande de Gaza, ou le Hezbollah depuis le Liban. Réaction ultrarapide du système, précision à efficacité maximale… Il s’agit ni plus ni moins que d’arrêter une balle de fusil avec une autre balle de fusil, confiait un ingénieur de Rafael, le constructeur israélien de l’engin.

Ainsi, les roquettes ennemies dont la trajectoire ne pose pas de problème – celles ne visant pas les zones habitées – sont simplement ignorées et explosent dans le désert, voire en mer. L’efficacité du bouclier est alors estimée à 90%.

Mais le système compte en fait deux, voire trois autres couches de défense antimissiles. Il y a d’abord les missiles antimissiles Arrow II et David’s Sling, et même les Patriots américains susceptibles, eux, d’intercepter des missiles à longue portée à plusieurs milliers de kilomètres.

Un million de dollars pièce

Face à eux, des engins iraniens très puissants, lourdement chargés d’explosifs, comme le Khorramshahr, capable d’en transporter jusqu’à une tonne et demie pour une portée de 2 000 à 3 000 kilomètres. C’est précisément sur ce type de missiles que comptent les Iraniens pour saturer les défenses israéliennes. En effet, pour intercepter une salve de 10 ou 20 de ces engins tirés en même temps, il est nécessaire d’envoyer une salve encore plus importante. D’ailleurs, les Israéliens avouaient l’an passé que leur système Arrow II commençait à donner quelques signes de faiblesse. Or, l’Iran a tiré jusqu’à présent près de 750 engins en trois jours de guerre : certains ont donc pu passer au travers des mailles du filet.

Enfin, il y a la question économique : chaque missile du système Arrow II coûte un million de dollars pièce. Et le stock israélien n’est pas inépuisable. Enfin, il y a la dernière couche de protection : les munitions Arrow III, conçues pour intercepter dans l’espace des engins susceptibles de porter des charges nucléaires. Déjà utilisés avec succès contre des missiles balistiques houthis, les Israéliens les ont également mis en place contre les roquettes de Téhéran, ces deux derniers jours.

Or, ces projectiles exoatmosphériques sont aussi très coûteux : un système entier, avec radar, poste de commande et plusieurs lance-missiles a été vendu à l’Allemagne, l’an dernier, pour la modique somme de 3,5 milliards d’euros.