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Refus d’obtempérer à Paris : «Le conducteur était en tort, mais les policiers auraient pu faire autrement», témoigne la passagère rescapée

Refus d’obtempérer à Paris : «Le conducteur était en tort, mais les policiers auraient pu faire autrement», témoigne la passagère rescapée

Le témoignage est fort et en partie en contradiction avec ce qu’affirment les forces de l’ordre. Samedi dernier, dans la matinée, trois policiers ont tiré sur une voiture qui refusait d’obtempérer, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, blessant mortellement la passagère et touchant grièvement le conducteur.

Selon la version des policiers, quatre fonctionnaires à vélo ont demandé à un véhicule de s’arrêter car le conducteur ne portait pas sa ceinture. Refusant de se soumettre au contrôle, il aurait pris la fuite mais s’est très vite retrouvé bloqué dans le trafic. À nouveau entouré des policiers le sommant de sortir, il aurait fait mine de couper le moteur avant de redémarrer brusquement. Selon la police, il aurait alors percuté un des agents et c’est à ce moment-là que ses collègues auraient tiré.

Sur France info, ce mercredi matin, Inès, qui se trouvait à l’arrière du véhicule, a voulu donner sa version des faits. Et elle est différente sur un point crucial. Selon elle, dès qu’ils se sont retrouvés bloqués dans la circulation après le premier refus de s’arrêter, « tout est allé très vite ». Deux policiers se sont placés « au niveau des vitres devant nous. (…) Je n’ai même pas entendu sortez de la voiture ou mains en l’air. Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes », a-t-elle raconté à la radio.

Une contradiction sur le contexte des tirs

Selon cette jeune femme âgée de 21 ans, amie de Rayana qui est décédée, « le conducteur n’a même pas eu le temps d’enlever les mains du volant. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Les coups de feu et la voiture qui repart, ça se passe en même temps », a-t-elle insisté.Elle a expliqué que le conducteur avait alors effectivement « avancé brutalement et foncé dans une camionnette blanche, qui l’a arrêté ». Inès lui a demandé de sortir de la voiture, ce qu’il a fait. C’est à ce moment qu’elle a constaté que son amie, installée sur le siège passager avant, était inconsciente. « Je n’ai même pas eu le temps de bien réaliser et de la prendre dans mes bras. La police est arrivée derrière nous. Ils nous ont braqués en disant mains en l’air, mains sur la tête », a-t-elle détaillé. « Ils ne nous ont pas demandé si on allait bien, ils nous ont menottés et nous ont laissés là, sans voir de médecin », a poursuivi Inès, ajoutant qu’elle ne connaissait pas directement le conducteur, qui était un ami d’amis, rencontré dans la soirée.

Pour elle, les policiers « auraient pu faire autre chose. Le conducteur était en tort, mais ils auraient pu faire autrement. C’était bouché, il n’aurait pas pu aller plus loin de toute façon. (…) Si on mettait une balle dans la tête à tous les gens qui refusent d’obtempérer, je pense qu’on tuerait beaucoup de gens chaque année », a-t-elle conclu sur France Info.

La version des policiers serait « conforme aux vidéos »

De son côté, l’avocat des trois policiers, maître Laurent-Franck Liénard, a une nouvelle fois avancé la version officielle, contredisant celle d’Inès. « Évidemment, les deux femmes sont victimes du conducteur qui a pris sa décision. Mais je ne la rejoins pas sur sa version des faits », a-t-il entamé, toujours sur France info. « Ce que j’ai entendu n’est pas conforme aux éléments objectifs du dossier », a-t-il assuré, ajoutant que les points de désaccord seraient discutés « devant un juge d’instruction ».

Jonathan PIRIOU

juin 8th, 2022

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