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Grand pari de Mark Zuckerberg et du monde connecté, le “métavers” est un concept prometteur mais encore très flou, selon les spécialistes de la réalité virtuelle et augmentée

Grand pari de Mark Zuckerberg et du monde connecté, le “métavers” est un concept prometteur mais encore très flou, selon les spécialistes de la réalité virtuelle et augmentée

Grand pari de Mark Zuckerberg et du monde connecté, le “métavers” est un concept prometteur mais encore très flou, selon les spécialistes de la réalité virtuelle et augmentée réunis cette semaine pour leur grand-messe en France. “Internet a d’abord permis d’aller chercher de l’information, puis de se connecter avec d’autres. Avec le metavers, il va permettre d’avoir une expérience complète, une immersion, qui fait oublier les écrans”, tente de résumer Arnaud Dressen, le patron de Wonda, qui vend à des entreprises des univers en 3D pour des formations.

Chez Wonda, le quartier général est installé dans un local virtuel en 3D. “Notre seul espace central, qui est toujours là pour tous, c’est un espace virtuel” où les collaborateurs se retrouvent sous forme d’avatar, explique l’entrepreneur. Un petit morceau de metavers, qu’il rêve de voir s’interconnecter avec d’autres. “Je vois plutôt des metavers qu’un metavers”, explique Arnaud Dressen, qui se réjouit de voir des architectes du monde réel s’intéresser aux constructions des mondes virtuels. “Ils commencent à comprendre qu’il y a de vrais projets d’architecture à faire dans les mondes virtuels”, assure-t-il. “Pour ce faire, le metavers devra inclure beaucoup de gens différents. S’il est concentré entre quelques grandes plateformes, avec quelques personnes qui décident pour tout le monde, ca ne marchera pas”, ajoute-t-il.

Sur un autre stand de Laval Virtual, le Polonais Chris Wrobel, patron d’une petite entreprise qui commercialise des robots conversationnels (chatbot) incarnés dans des avatars, voit le metavers comme une “opportunité commerciale”. Sa société cherche à “faire incarner des marques par des personnes virtuelles”, en jouant sur leur tenue, leur voix, leur forme. Il faut que les consommateurs puissent “devenir amis avec elles”, dit-il. Au stand d’à côté, Thibaut Daudin, ingénieur de recherche dans le laboratoire privé d’intelligence artificielle Spirops (une vingtaine de collaborateurs) présente ses travaux sur l’animation d’avatars. Spirops parvient à animer des personnages virtuels de manière réaliste, avec une quantité réduite de données. 

“Dans l’idéal, le metavers devrait être un système qui permet de concilier des technologies différentes” de mondes virtuels, pour les rendre compatibles ensemble, estime Thibaut Daudin. Il regrette par exemple qu’il n’y ait pas d’accord sur les formats techniques des avatars. Si c’était le cas “les petites entreprises pourraient dès maintenant s’adapter, investir” sans crainte d’avoir misé sur le mauvais cheval, regrette-t-il. En attendant Spirops travaille notamment sur les foules – comment les reconstituer dans un univers virtuels. “L’erreur fondamentale c’est de penser qu’on va peupler le metavers avec uniquement des avatars d’êtres humains”, dit-il.

Loin de l’enfermement dans des casques de réalité virtuelle, Michel Ruiz, patron de la petite start-up Kaviar Tech (7 collaborateurs), voit lui l’avenir dans la réalité augmentée – des images, des formes sont projetées dans des lunettes pour se superposer au monde réel, sans le cacher. “Le metavers, c’est une deuxième couche d’information que l’on pose sur le monde réel”, explique-t-il. “Vous visitez un parc naturel quelque part, et grâce à vos lunettes de réalité augmentée, vous parlez à un hologramme mu par une intelligence artificielle, qui vous guide et vous informe”.

Michel Ruiz ne croit pas aux mondes 100% virtuels, dans lequel “on se créerait un personnage idéal, à travers lequel on vivrait par procuration”. En tout cas, le metavers “aura besoin d’un casque européen”, qui “ne soit pas un casque chinois ou américain avec au-dessus un cloud qui vient pomper nos données”, avertit de son côté Stan Larroque, le directeur général de Lynx, une start-up française d’une quinzaine de personnes qui s’apprête à livrer cet été ses premiers casques légers, intermédiaires entre réalité virtuelle et réalité augmentée. “C’est maintenant que ca se joue” pour réussir à lancer un matériel européen, “sinon on se réveillera encore dans deux ou trois ans quand il sera trop tard”, dit-il.

Jonathan PIRIOU

avril 18th, 2022

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