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Roger Federer : “Ça m’a rongé de l’intérieur

Roger Federer : “Ça m’a rongé de l’intérieur

OPEN D'AUSTRALIE – Dimanche, Roger Federer a remporté son 20e titre du Grand Chelem. Mais, de cet Open d'Australie, le Suisse retiendra avant tout les émotions par lesquelles il est passé tout au long d'un tournoi particulier, et qui ont fini par le submerger, trophée en main. A 36 ans, Federer n'est toujours pas blasé et encore moins rassasié. Parce que son entourage l'encourage à continuer.Les bonnes fées se sont penchées sur son berceau. C'est une certitude. Mais Roger Federer est aussi tombé dans la fontaine de Jouvence. Personne ne peut en douter. Sinon, comment expliquer l'incroyable ? Comment imaginer que le Suisse, 36 ans, a remporté trois titres du Grand Chelem en douze mois, lui que certains envoyaient vers la retraite, après quatre ans et demi de disette en Majeur. Roger Federer s'est accroché par amour du jeu. Jamais par orgueil. Il en récolte aujourd'hui les fruits comme personne avant lui.Vainqueur dimanche de l'Open d'Australie après avoir battu Marin Cilic en cinq sets, Roger Federer n'oubliera pas de sitôt ce 20e sacre en Grand Chelem. Mais pas pour les raisons que l'on imagine. "Je n'ai pas de souvenir spécial avec le 20", a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait si ce nombre, symbolique au possible, avait une signification particulière à ses yeuxQuid de Roy Emerson et de Novak Djokovic, les deux hommes qu'il a égalés en décrochant une 6e couronne à Melbourne ? "Je ne sais pas comment vous expliquer mais ça ne compte pas. L'essentiel, ce sont les émotions que j'ai connues ce soir encore, à la remise du trophée, en gagnant un match comme celui-là, ces montagnes russes face à Cilic… C'est juste un moment spécial. Défendre mon titre ici, c'était un peu la suite du conte de fées. C'est ce que je retiens."

De cette quinzaine victorieuse, Roger Federer retiendra avant tout les émotions par lesquelles il est passé. Surtout ce dimanche où, finale nocturne oblige, il n'a pas manqué de cogiter. "A Wimbledon, vous jouez votre finale et c'est bon. Ici, vous êtes un peu comme ça… (ndlr : il tape des doigts sur la table). C'est une longue journée. Une longue journée."Au bout de trente finales de Grand Chelem et quelques-unes disputées après le coucher du soleil, Roger Federer devrait pourtant être habitué, non ? Il l'est mais n'est pas blasé. Et c'est ce qui fait sa force, hier comme aujourd'hui. Sinon, comment expliquer les 48 heures bizarres qui ont séparé sa demie expédiée en moins de deux sets face à Chung et une finale qui a joué les prolongations ? "Je n'ai pas bien dormi après le match face à Chung, a-t-il révélé dimanche soir. J'ai été surpris de me qualifier aussi facilement, c'était une sensation bizarre pour moi. Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil avant trois heures du matin. Et samedi, j'étais déjà à penser à comment j'allais jouer face à Marin, comment ce serait de gagner un 20e titre…"

Délicieuse routine

La traduction, ce sont ces larmes que l'intéressé n’a pu retenir et qui ont perlé à flot sur les joues : "J'avais beaucoup d'émotion au fond de moi car le tournoi n'a pas été aussi extrême que l'an passé. J'étais vraiment heureux que ça se termine. J'ai tellement été nerveux tout au long de la journée… Ça m'a rongé de l'intérieur."Mais Federer en demande encore. Pourquoi ? Parce qu’il ne se sent pas au bout du chemin. Ses 36 ans ? "Pas un problème. Juste un nombre". "Je ne joue pas trop, je ne m'aligne pas sur tous les tournois possibles. J'aime m'entraîner et les voyages ne m’ennuient pas", a-t-il précisé. Et cela ne risque pas de changer. Dans les grandes lignes, le programme de 2018 ne devrait pas différer de 2017. Seule solution pour prolonger la magie.

Aussi (et surtout), l'homme Federer est entouré comme personne. "Cette magnifique équipe autour de moi rend tout ça possible. Au final, c'est voir mes parents fiers et heureux qui me donne envie de continuer. Et puis ma femme… Sans son support, je ne jouerais plus au tennis depuis pas mal d'années. On a eu une conversation très honnête il y a quelques années pour savoir si elle était encore heureuse ou pas. Elle assume une énorme charge de travail avec les enfants, dont je ne voudrais pas être séparé plus de deux semaines. Cette vie ne fonctionnerait pas si elle disait non." Elle a dit oui. Et le monde l'en remercie.

Jonathan PIRIOU

janvier 28th, 2018

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