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Tournoi des Six Nations : le XV de France plombé par le gong

Tournoi des Six Nations : le XV de France plombé par le gong

L'honneur gaulois est sauf : la moustache de Jacques Brunel survivra au Tournoi des Six Nations 2018. Le sélectionneur du XV de France avait promis de la raser en cas de Grand Chelem, qui échappe aux Bleus depuis 2010. La levée magistrale ne surviendra toujours pas cette année après la défaite sur le fil, samedi au Stade de France contre l'Irlande (13-15). Dommage pour le symbole : il y a pile poil 50 ans, les Bleus des frères Camberabero signaient le premier Grand Chelem de l'histoire du rugby français dans la boue de Cardiff. Plus près de nous, l'éviction de Guy Novès et de son staff invite forcément au jeu des comparaisons.En 2016, pour son deuxième match en tant que sélectionneur, le manager toulousain avait dominé les Verts (10-9) grâce à un essai tardif. Un scénario quasi identique aurait pu se reproduire, samedi, lorsque Teddy Thomas, au bout d'une course volontaire (la seule occasion française du match), a aplati dans l'en-but du XV du Trèfle (72e). La transformation d'Anthony Belleau a offert aux Bleus l'avantage au score pour la première fois de la rencontre (13-12). Et l'affaire aurait dû être entendue six minutes plus tard, si l'ouvreur toulonnais n'avait pas tremblé sur une pénalité dans ses cordes (78e). Au lieu de cela, les Irlandais ont repris la possession du ballon et, plein de maîtrise, ont su mettre Jonathan Sexton sur orbite pour le drop fatal (83e). "C'est cruel, déplore Brunel. Notre défense n'allait pas craquer et il a pris la bonne option. Il faut le féliciter parce que ce n'était pas facile."

Vaudeville façon "Boring Boring"

Le plan de jeu du XV de France, lui, l'était totalement. Il consistait à défendre comme un chien, à capter les chandelles irlandaises et à perturber les coéquipiers de Rory Best dans les rucks. Dans tous ces domaines, les Bleus ont plutôt bien rempli leur mission. Peu importe que le match ait longtemps eu l'air d'un vaudeville pas drôle, façon "Boring Boring", les Français n'ont fait qu'appliquer les consignes : 238 plaquages en leur faveur, contre 95 seulement aux hommes de Joe Schmidt. Quitte à jouer au rugby sans le ballon, que les Verts ont possédé 68% du temps. "Ce n'était pas vraiment la stratégie…", nuance le capitaine Guilhem Guirado.

Le nœud du problème se trouve là : le XV de France n'a plus d'attaque. Et à force de défendre, il finit par craquer (10 pénalités concédées). Une indiscipline forcée, en quelque sorte. Pour tenter de déstabiliser le XV d'Irlande, dont Brunel, comme pour adoucir le mal, a rappelé qu'il est la troisième équipe au classement mondial, le sélectionneur, pris par le temps, avait prévu des lancements de jeu "simples", "basiques", qui n'ont jamais pu être mis en application.

L'essai de Thomas? Rien de prévu. Un coup d'œil d'Antoine Dupont qui choisit un petit côté. "Ensuite, en une fraction de seconde, je me suis fixé la ligne d'en-but et j'ai couru le plus vite possible, en contournant l'ailier adverse", raconte l'ailier du Racing 92. Lui, comme Guirado (28 plaquages), Poirot ou Gourdon n'auront pas volé la poignée de main qu'était venu leur donner Bernard Laporte dans le vestiaire du Stade de France avant le match. "On a eu du mal à lancer le jeu", reconnaît Brunel, qui voit ainsi se dessiner l'urgence des progrès à accomplir pour le déplacement en Écosse, dimanche. "Il y a vraiment beaucoup de choses positives dans l'investissement de chacun, poursuit le sélectionneur. Mais nous devons aussi nous améliorer dans tous les secteurs."

Inquiétude pour Jalibert et Dupont

La défaite des Bleus dès la première journée du Tournoi n'est pas la seule mauvaise nouvelle. "On risque de la payer cher", regrette Brunel. Samedi soir, l'encadrement du XV de France, sous réserve d'examens médicaux complémentaires, craignait en effet des "graves" blessures au genou pour le jeune Matthieu Jalibert (sorti à la 30e) et Dupont. Perdre deux joueurs de la charnière avant de voyager à Murrayfield? Il y a plus rassurant, alors que l'incertitude plane toujours sur un éventuel retour de Morgan Parra dans le groupe. Quant à la sévère fessée administrée par le pays de Galles au XV du Chardon samedi (34-7), elle augure une réaction tellurique pour les Bleus dans une semaine. Brunel, dont l'objectif initial était de "rester en course pour le gain du Tournoi jusqu'à la dernière journée" ne devrait pas tarder à revoir sa priorité : finir au moins à la troisième place, pour ne pas faire moins bien que Novès en 2017. Et construire un jeu d'attaque.

Jonathan PIRIOU

février 4th, 2018

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